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Osservatorio delle Libertà ed Istituzioni Religiose

Notizie • 9 Settembre 2009

Francia: istituito un ufficio sulle religioni (“pole religion”) presso il Ministero degli esteri (27 luglio 2009)

Création d’un “pôle religions” au Quai d’Orsay

Comme l’avait annoncé Bernard Kouchner dans son discours du 28 août 2008 devant la conférence des ambassadeurs, il est souhaitable d’accorder une plus grande place à l’étude du rôle des religions dans les relations internationales et dans les analyses qui guident notre politique étrangère.
C’est pourquoi le ministre a donné pour mission à la direction de la Prospective de développer une analyse globale des questions religieuses. Cette direction succède au Centre d’analyse et de prévision dans le cadre de la réforme du ministère des Affaires étrangères et européennes présentée par Bernard Kouchner le 25 mars.
Elle a été dotée d’un “pôle religions”, dirigé depuis le mois de juin par Joseph Maila, ancien recteur de l’Institut Catholique de Paris, ancien directeur du Centre de recherche sur la paix et de l’Institut de formation à la médiation, qui avait siégé au sein de la commission du Livre Blanc sur la politique étrangère et européenne de la France.
Le fait religieux joue un rôle important dans les rapports entre les nations, les questions de développement ou les équilibres politiques internes. Il est donc nécessaire de conduire un travail de fond, multidisciplinaire, croisant des expertises religieuses avec d’autres approches privilégiant les aspects de sécurité, de développement ou de société.
Les postes diplomatiques seront étroitement associés à ce travail collectif.
Lors de la Conférence des Ambassadeurs de cette année, une table ronde sera spécifiquement consacrée à la place des religions dans la mondialisation.
La mission du pôle religions sera également menée en mobilisant des compétences extérieures.

(note de presse, Ministere des Affaires Etrangers, 27 juillet 2009)

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CONFERENCE DE PRESSE DU MINISTRE DES AFFAIRES ETRANGERES ET EUROPEENNES, BERNARD KOUCHNER
(Paris, 21 juillet 2009)

(omissis)

Je l’ai dit tout à l’heure et je crois que c’est un des éléments sur lequel nous réfléchissons le plus, il y a maintenant toute une réflexion sur les religions qui n’existait pas auparavant.     Le ministère change, la réflexion change parce que le monde va à toute allure. Il y avait un responsable des religions, bien sûr. Maintenant, il y a dans la Direction de la prospective un groupe, sous la direction de Joseph Maïla, avec au moins six personnes pour le moment – il y en aura d’autres – qui réfléchissent sur les religions. Nous réfléchissons beaucoup sur la religion chiite. Il était temps et ceux d’entre vous qui sont dans la salle et avec lesquels j’ai eu l’occasion de me déplacer dans ces endroits savent combien le chiisme par rapport au sunnisme et le sunnisme par rapport au chiisme, cela compte.
Donc, considérer comme important non pas seulement ces manifestations réprimées, le nombre des morts, les prisonniers – c’est notre travail, nous devons le faire et essayer d’aider les gens – mais considérer qu’au sommet, pour le Guide, qui je vous le rappelle est placé là en attendant l’imam caché dans la religion chiite, prendre position n’est pas normal. C’est une première et cela explique pourquoi un certain nombre d’ayatollahs importants s’expriment différemment. Et ceux-là évoquent le droit pour les foules de réclamer la correction des fraudes, s’il y en a eu. Voilà ce que nous constatons et la dernière des interventions a été celle de M. Rafsanjani qui n’est pas n’importe qui dans la hiérarchie chiite. Nous suivons cela avec beaucoup d’attention. Cela explique aussi qu’un certain nombre de manifestants, qui ne sont ni des laïcs ni des personnes athées, constatent que l’évolution n’est pas celle qu’ils attendaient au sommet de l’Etat.
Nous suivons cela également avec nos amis européens, avec la présidence européenne, également avec les Américains. Ne me demandez pas de faire des calculs sur les chances de réussite d’un mouvement comme celui-là qui, à mon avis, est un mouvement de grande ampleur qui se poursuivra.

(omissis)
 

 Bernard Kouchner vient de créer un pôle religions au Quai d’Orsay, une première en France

Stéphanie Le Bars (Le Monde, 25 juillet 2009)

Certains ne manqueront pas d’y voir un nouveau signe de la “laïcité positive” prônée par le président de la République, Nicolas Sarkozy. D’autres, un esprit du temps qui confère aux religions un rôle-clé dans le supposé clash des civilisations. Depuis le 1er juin, un pôle religions s’est installé au sein de la direction de la prospective du ministère des affaires étrangères, une première en France.

Le ministre Bernard Kouchner, à l’origine de cette création, y voit, lui, “un effet de la mondialisation” et une nécessaire “modernisation” des mentalités. La réflexion pour une prise en compte de paramètres religieux était “insuffisante” au sein de la diplomatie française, assure le ministre. “On a intégré la démographie, l’écologie et les pandémies à la réflexion stratégique, pourquoi pas les religions ? Toutes les guerres que j’ai connues comportaient à des degrés divers des histoires de religion”, assure-t-il, dans une allusion aux conflits du Kosovo, du Sri Lanka ou du Liban, qu’il a particulièrement suivis.

“Dans certains pays, faire de la politique, c’est parler religion, et inversement. On ne peut pas l’ignorer”, défend aussi le responsable du nouveau pôle, Joseph Maïla, spécialiste de l’islam et de la sociologie des conflits, fondateur de l’Institut de formation à la médiation et à la négociation. Et de citer les points chauds de la planète que sont l’Afghanistan, le Pakistan, l’Irak ou l’Iran.

Pas question pour autant d’accréditer l’idée que la plupart des conflits actuels trouvent leur origine ou leur explication unique dans des différends religieux : “Le pôle religions, c’est 6 personnes pour 16 000 diplomates !”, relativise le ministre. Mais ses promoteurs soulignent que la diplomatie française, imprégnée des principes de laïcité, se montre parfois en retrait par rapport aux questions religieuses. Aussi le pôle religions devra-t-il sensibiliser les diplomates de la nouvelle génération aux questions religieuses.

“Comment faire de la médiation dans un conflit si on ne connaît pas la différence entre chiisme et sunnisme, entre un grec-orthodoxe et un maronite ?”, s’interroge M. Maïla. D’origine libanaise, cet intellectuel catholique, ancien recteur de l’Institut catholique de Paris, s’est intéressé de près à l’accord de Taëf, qui, en 1989, a mis fin à la guerre civile libanaise en redistribuant les pouvoirs au sein des différentes communautés religieuses. “Certains conflits sont résolus par un accommodement entre communautés religieuses”, insiste-t-il, tout en précisant : “La finalité du pôle demeure politique et diplomatique, et la diplomatie reste régulée par des valeurs laïques.”
En s’appuyant sur des experts, le pôle religions devra mener une réflexion en amont, suivre les grands mouvements religieux à travers le monde et leurs éventuelles implications politiques pour, le cas échéant, accompagner la diplomatie active de la France. Ce travail de prospective devrait ainsi s’intéresser aux évolutions du protestantisme évangélique, aux différentes facettes de l’islam et de l’islamisme à travers le monde, au poids de l’orthodoxie en Russie, aux vagues de prosélytisme… Le pôle religions devra aussi centraliser les réactions internationales à la suite de déclarations ou de décisions de la France sur des sujets religieux. L’une de ses premières missions a consisté à donner aux ambassadeurs des éléments de langage commun après les propos critiques du président de la République sur le port de la burqa en France. Il leur a été conseillé de mettre en avant la dignité de la femme, la sécurité et la spécificité culturelle française… Le pôle travaille aussi sur les questions touchant le fondement théologique de la Constitution iranienne dans la crise actuelle. Dans les prochaines semaines, les experts pourraient être amenés à évaluer les conséquences d’une condamnation de l’Eglise de scientologie sur les relations avec les Etats-Unis. Ou à s’interroger sur les rapports de la France avec un groupement comme l’Organisation de la conférence islamique (OCI), fédération de 57 pays fondée sur la religion.

Jusqu’à présent, l’expérience diplomatique de la France en matière religieuse était cantonnée à ses relations avec le Vatican et à sa responsabilité vis-à-vis des congrégations religieuses. Depuis les années 1920 et la normalisation des rapports diplomatiques entre la France et le Vatican, un conseiller pour les affaires religieuses est en effet rattaché au ministère des affaires étrangères.

Censée élargir son champ d’action aux autres religions, la fonction est restée marquée par le contexte historique de sa création. Diplomate, le conseiller est chargé de l’accueil des personnalités religieuses en France et représente la France dans les organismes internationaux. Il fut à la manœuvre lors de la visite du pape à Paris et à Lourdes en septembre 2008. Il a aussi joué un rôle central dans la conclusion de l’accord signé entre la France et le Vatican sur les diplômes universitaires.

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